L’UFC et l’effet d’éviction des charges de retraites sur la protection sociale
L'UFC s'indigne : des banques prêtent désormais pour le financement de soins de santé. Ce n'est pas tant le principe d'un prêt qui est choquant mais simplement le fait que certains soient obligés de devoir y recourir. La colère de l'UFC peut sembler légitime. Cependant lorsqu'on analyse les raisons de ce qui apparaît comme une insuffisance de notre protection sociale, on peut s'interroger sur la logique de cet organisme. Car certains de ses choix vont clairement dans le sens de ceux qui dégradent l'efficacité des dépenses publiques française.
Après les mois agités que nous venons de vivre, je vous propose de nous intéresser à des thèmes toujours économiques mais peut être plus « basiques » en nous penchant sur des sujets quotidiens. Ainsi, en est il de « l'indice des prix », calculé mensuellement par l'INSEE, et qui sert tantôt de référence, tantôt d'exutoire à certains mécontentements. Quel crédit lui accorder ?
Dans un billet du 26 mai dernier, je m'interrogeais sur l'évolution de la dette publique en 2006 : amélioration de fond ou simple embellie ? L'INSEE vient d'apporter un début de réponse, puisque l'endettement public est passé au cours du 1er trimestre 2007 de 1142 à 1176 milliards d'euros (hors engagements hors bilan). Soit une hausse de 3% en 3 mois ... Certes, il n'y a pas de linéarité dans la vitesse d'endettement et le constat fait sur le trimestre ne peut être extrapolé sur l'année. Néanmoins, ce n'est sûrement pas une bonne nouvelle.
Face à la libéralisation prochaine du marché de l'énergie, l'UFC - Que Choisir invite les consommateurs à ne pas faire jouer la concurrence. Selon cet organisme, ils n'auraient rien à gagner. En effet, si l'on compare les prix, la régulation administrative par l'Etat peut sembler bien plus avantageuse que la régulation concurrentielle, puisque le prix du kW « privé » est supérieur, de l'ordre de 2/3, au kW « public ». Mais cette comparaison est en trompe l'oeil. En effet, EDF bénéficie de spécificités qui lui sont propres, et son monopole lui a permis de n'en faire bénéficier que très incomplètement les consommateurs, qui doivent payer par des moyens détournés. A moyen terme, la concurrence devrait permettre de clarifier et d'assainir des circuits fort discrets favorables aujourd'hui à EDF pour bénéficier à la Collectivité.
Dans les heures qui viennent, contrairement ce que pensent la plupart des Français, ce n'est pas le choix de telle ou telle personnalité pour occuper des fonctions ministérielles qui compte le plus. L'essentiel est ailleurs : dans le découpage des ministères et leurs futures attributions. Pour parler de ce que je connais le mieux, j'imagine la sourde bataille qui se déroule autour de Bercy. L'appartenance à l'énarchie et aux grands corps de certains futurs ministres ne doit pas faciliter la tâche. Et pourtant l'urgence, l'impérieuse nécessité consiste dans la création de ce « ministère des comptes publics » pour le lequel je me bas depuis 5 ans ! Le point stratégique le plus immédiat consiste à stabiliser au plus vite les attributions de ce ministère, afin d'éviter que des « contre-feux » ne s'organisent de toute part, soit au sein de la sphère sociale, soit au sein même de la citadelle de Bercy, pour sauver les organigrammes, les droits acquis des grands corps, les perspectives de débouchés et autres douceurs bien connues. L'objectif d'intérêt supérieur pour les Français n'est pas mince. Il s'agit de réunir, entre les mêmes mains, le cadrage des finances de l'Etat, de la Sécurité Sociale, et des Collectivités Locales, afin de retrouver, sans délai, la pleine maîtrise de nos finances publiques, réduire notre dette, renouer avec un niveau de déficit qui ne dépasse pas nos investissements, et améliorer la performance de l'action publique.
« Là où il y a 3 économistes, il y a 4 opinions » me plaisantait un jour un étudiant. Reconnaissons que la multiplicité des choix politiques faits par les économistes, connus ou moins célèbres, dans la récente période électorale, peut effectivement étonner. Quel crédit accorder à une discipline qui semble pouvoir tout dire et son contraire ? Cependant, à y regarder de plus prés, les différences apparaissent bien moindres qu'on pourrait le penser au premier abord, comme le montre une comparaison d'économistes emblématiques des différents camps. Juste une précision préalable : dans les lignes qui suivent, j'indiquerai entre parenthèses les initiales du candidat soutenu par l'auteur cité.
Nicolas Sarkozy a plusieurs fois pris position en faveur de la création d'un ministère chargé des affaires financières, qui serait en charge des comptes publics (Etat, sécurité sociale, collectivité locale) et de la modernisation de l'Etat, distinct du ministère chargé de la stratégie économique, chargé lui de conduire la politique économique et de favoriser la croissance de notre pays.